On le sait tous, prendre la voiture pollue et surtout émet du dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre responsable du changement climatique. Et pour cause, le lien est assez évident ! Quand je passe à la pompe, je vois réellement l’essence que je mets dans ma voiture. Cependant, s’il y a bien un sujet sur lequel nous sommes moins conscients de notre impact environnemental, c’est l’alimentation. Le lien est là plus diffus, plus indirect…

Quelle quantité de pétrole se cache réellement dans nos assiettes ? Et si c’était là qu’était notre principale marge de manœuvre à titre individuel ? A choisir, mieux vaut-il être végétarien et rouler en 4×4, ou carnivore et rouler à vélo ??

Quel est l’impact carbone de notre alimentation ?

A l’échelle mondiale, l’agriculture émet 25% des gaz à effet de serre produits par les activités humaines. Cela veut dire que l’agriculture représente 25% des causes du réchauffement climatique que nous connaissons. A titre de comparaison, l’ensemble des transports de marchandises et de personnes (avions, voitures, camions, bateaux…) ne représente “que” 15% des émissions dans le monde. L’agriculture émet plus de gaz à effet de serre que tous les transports combinés. Il se cache donc en fait pas mal d’énergies fossiles dans notre assiette, mais pas que !

Pourquoi l’agriculture pèse-t-elle autant dans le bilan carbone mondial ? Décortiquons les postes d’émissions et quelles en sont les causes :

  • L’élevage. Les animaux d’élevage émettent du CO2 quand ils respirent, comme nous quoi ! Mais ! Mais… les ruminants, comme les bovins ou ovins, émettent aussi du méthane. Ce gaz est produit lors de leur digestion et a son importance. En effet, le méthane a un pouvoir de réchauffement sur le climat 30 fois plus puissant que le CO2…
  • Les cultures. Autre gaz à effet de serre lié à l’agriculture conventionnelle, le protoxyde d’azote. Celui-ci est dû à l’utilisation d’engrais chimiques de synthèse. La aussi, son pouvoir de réchauffement sur le climat est très important, de l’ordre de 260 fois plus puissant que le CO2
  • La déforestation. A l’échelle mondiale, l’agriculture est la première cause de déforestation. Les deux zones les plus touchées sont l’Amazonie où on déforeste principalement pour faire pousser de la nourriture, dont beaucoup de soja, pour le détail ; et l’Asie du Sud Est (Indonésie, Malaisie…) où on déforeste pour planter une monoculture de palmiers à huile
  • Les engins et bâtiments agricoles, source d’émissions de CO2

Vous l’avez compris, l’agriculture contribue au réchauffement climatique de différentes manières. Contrairement aux autres secteurs (transport, bâtiments, industrie…) qui émettent principalement du CO2, l’agriculture n’en n’émet finalement qu’assez peu. La grande majorité de son impact est liée à la production d’autres gaz, le méthane d’abord et le protoxyde d’azote ensuite.

Est ce que l’impact carbone de l’agriculture est plus faible en France ?

D’après l’inventaire des émissions du CITEPA de 2020 pour le secteur agricole, celui-ci représente 21% des émissions françaises. L’agriculture ne générant pas de déforestation à grande échelle en France, le CITEPA détaille son impact en regardant les émissions liées aux cultures, à l’élevage et à l’utilisation des bâtiments et engins agricoles. Cependant, pour bien comprendre l’impact de nos choix de régime alimentaire sur le climat, il faut tenir compte du fait que 80 % des surfaces agricoles françaises sont cultivées pour produire de l’alimentation animale (Source ADEME : Bilan carbone alimentaire en France 2019). C’est-à-dire pour produire de la nourriture qui sera destinée aux animaux que nous consommons ensuite et non pour nous nourrir directement.
Ainsi, si on réaffecte 80% de l’impact carbone des cultures au poste elevage, ça donne :

impact carbone agriculture française

Aujourd’hui, 79% de l’impact carbone total de l’agriculture française est pour produire de la viande, des œufs, du fromage, du lait… Vous comprenez mieux pourquoi le choix de notre régime alimentaire a une importance capitale sur notre empreinte carbone !!

Quelle empreinte carbone pour les différents régimes alimentaires ?

Le choix de notre régime alimentaire, qu’il soit “carnivore”, végétarien, vegan… a un impact considérable sur notre empreinte carbone personnelle. Pour mettre des chiffres sur ces différences, nous avons simulé plusieurs régimes alimentaires sur le calculateur d’empreinte carbone de l’ADEME. Nous avons simulé 4 régimes alimentaires :

  1. Carnivore “avec boeuf” : viande à tous les repas avec du boeuf, veau ou mouton pour un repas sur quatre
  2. Carnivore “sans boeuf” : viande à tous les repas sans boeuf, veau ou mouton
  3. Végétarien : repas avec oeufs ou fromage
  4. Vegan ou végétalien : repas sans produits d’origine animale
Impact carbone régimes alimentaires

Pourquoi une telle différence ?? Car produire de la viande demande déjà de produire de grandes quantités de nourriture pour nourrir le bétail. Ensuite, le bœuf pèse lourd dans l’assiette environnementale à cause de son mode de digestion (il rumine) qui produit du méthane, un puissant gaz à effet de serre.
Ne lui jetons pas la pierre ! Les bovins ruminaient bien avant que cela ne devienne un problème environnemental. Le problème aujourd’hui c’est la quantité de bovins que nous élevons ! En effet, l’agriculture intensive a rendu leur viande peu chère et donc très présente dans nos assiettes.
De manière plus générale, réduire notre empreinte carbone devra passer par la réduction de notre consommation de produits alimentaires d’origine animale : viandes, fromages, laitages…

Vous avez dit “flexitarien” ??

Peut être avez vous déjà entendu ce terme de “flexitarien”. Qui est-il ? Le flexitarien n’est pas complètement végétarien mais ne mange certainement pas de la viande à tous les repas. En fait, le régime flexitarien se définit comme un choix écologique. L’idée est de réduire de manière importante sa consommation de produits d’origine animale tout en n’y renonçant pas complètement pour des raisons purement épicuriennes.

Vers une alimentation bas carbone

Que vous fassiez le choix de devenir flexitarien, végétarien ou vegan, choisir une alimentation bas carbone demande de repenser ce que nous mettons dans nos assiettes. Et si vous voulez que cette transition soit heureuse, ne la pensez pas en vous disant que vous devrez vous priver de tout ! Voyez le comme un challenge, une nouvelle manière de cuisiner qui vous fera découvrir de nouveaux plaisirs gustatifs tout en donnant un sacré coup de pouce à la planète !

C’est parti, voici nos recommandations :

  • Apprenez à cuisiner et aimer les légumes et les légumineuses ! Lentilles, haricots, pois chiches, soja… autant de végétaux bourrés de protéines. En effet, il y a une concentration aussi forte de protéines dans les lentilles corail que dans un steak. Il faut juste varier les légumineuses que vous consommez pour avoir autant de diversité de protéines que dans la viande. Le jeu en vaut la chandelle, manger des protéines issues des végétaux c’est avoir un impact carbone entre 40 et 200 fois plus faible que de manger des protéines issues des animaux
  • Favorisez les produits locaux. Spoiler alert, l’avocat du Pérou que vous mangez dans votre “végé bowl” n’est pas venu du Pérou avec ses petites pattes, mais en avion…
  • Favorisez les produits de saison. Re spoiler alert, les fraises que vous mangez à Noël ne viennent pas de Plougastel mais de quelques milliers de kilomètres plus loin… et elles ne sont toujours pas venues toutes seules sur leurs petites pattes…
  • Dites stop au gaspillage alimentaire. Alors que 10 millions de tonnes d’aliments sont jetés en France tous les ans, l’ADEME estime que nous pourrions réduire de 3% les émissions carbone françaises en faisant la traque au gaspillage ! La solution ? Mieux maîtriser les quantités cuisinées et apprendre à tirer parti des restes. Là aussi, de quoi stimuler votre créativité de cuisinier !

Enfin, pour répondre à la question posée en tête de cet article, faire tout cela ne vous empêche pas de préférer le vélo au 4×4… question de cohérence 😉

Sarah Bougeard pour Time to Act